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SANOFI GRÈVE RECONDUCTIBLE
mardi 29 octobre 2024
CESSION DE DOLIPRANE : "S’IL FAUT RESTER, ON RESTERA", AFFIRMENT LES SALARIÉ-ES DE SANOFI À LISIEUX QUI ONT ENTAMÉ UNE GRÈVE RECONDUCTIBLE !
Une équipe du matin, une équipe du soir... Les salarié-es grévistes de Sanofi bloquent l’usine de Lisieux pour manifester leur opposition à la cession de l’activité à un fonds américain.
"S’il faut rester 15 jours, trois semaines, on restera. On est prêt", prévient Aurélie, salariée de l’usine de production de Doliprane à Lisieux (Calvados). Les syndicats CGT et CFDT ont lancé un mouvement de grève reconductible pour protester contre le projet de cession d’Opella Healthcare International (OHI), la filiale de Sanofi qui produit le médicament, à un fonds américain.
La grève a commencé à 5h. Une quarantaine de salarié-es sont rassemblés autour d’un brasero devant le site de Lisieux, un barnum a été monté devant les grilles. Quelques pneus ont été déposés sur le côté "au cas où", expliquent les grévistes. Ils vont se relayer toute la journée. "L’équipe de l’après-midi va arriver ce midi et l’équipe du soir prendra le relais à partir de 21 heures", détaille Frédéric DEBÈVE, délégué syndical central CGT chez Opella Healthcare International (OHI).
Les ministres n’ont pas rassuré : "de la poudre aux yeux" !
"Il y a une grosse inquiétude", confie-t-il. La venue des ministres de l’Économie et de l’Industrie, Antoine ARMAND et Marc FERRACCI, ne les a pas rassurés, bien au contraire. "On a assez vite compris que c’était de la poudre aux yeux et que l’État serait assez impuissant face à la situation", réagit Julien, technicien de fabrication. Le nouveau locataire de Bercy "étudie la possibilité d’une prise de participation à la gouvernance" d’Opella, c’est-à-dire une présence de l’État au conseil d’administration. "Les entreprises qui ont été soutenues par le gouvernement de la France ne peuvent pas l’être à n’importe quelles conditions", a-t-il expliqué devant les sénateurs mercredi. Antoine ARMAND dit avoir demandé un "bilan exhaustif" des aides publiques obtenues par Sanofi ces dix dernières années.
"Si ce n’est qu’à hauteur de 1 ou 2 %, autant dire les choses : ça revient à être une plante verte", grince une salariée gréviste. "Si l’État prend une part à hauteur de 1%, c’est ce qui nous a été dit, il ne sera pas écouté", ajoute Frédéric DEBÈVE. Le seul moyen de faire reculer le groupe pharmaceutique Sanofi, c’est de "taper là où ça fait mal : au portefeuille", explique l’une d’entre eux. "Chaque jour, entre 1,2 million et 1,5 million de boîtes de Doliprane sortent de l’usine de Lisieux. Il faut montrer qu’on est là et puis, bloquer la production même si malheureusement, ça pourrait aboutir à une pénurie", poursuit Frédéric DEBÈVE.
D’autres sites de Sanofi à Ambarès, Sisteron, Aramon et Maisons-Alfort ont rejoint le mouvement "en soutien", précise un délégué syndical.
Dernière minute : Le piquet de grève contre la cession de la filiale Opella de Sanofi, qui produit le Doliprane, au fonds d’investissement CD&R est suspendu à l’usine Sanofi de Lisieux (Calvados) pour le week-end.
La grève reprendra lundi 28 octobre sous une nouvelle forme.
La décision a été prise par les salariés et les syndicats CGT, FO et CFDT lors d’une AG vendredi. Frédéric DEBÈVE, délégué central CGT à l’usine de Lisieux, explique ce choix : "Les salariés ont quand même fait des grèves complètes quasiment, donc là ce sont des débrayages pour éviter qu’ils soient réellement démunis pour la fin d’année". Le taux de grévistes était de plus de 80% jusqu’à vendredi. Des réunions sont prévues entre les syndicats et la direction en novembre et en décembre, précise la CGT qui estime qu’il est possible que la grève se poursuive jusqu’à ces échéances.